LA CONFESSION de Nicolas Boukhrief

Foi et désir

– « Pour votre pénitence, vous lirez, seule, le dernier des quatre évangiles, celui de Jean »
– « C’est tout mon père ? »
– « Vous savez bien que tout ça n’est pas entièrement de votre faute »

Aveu de Léon Morin prêtre, de son rôle dans cette joute intellectuelle et passionnelle, dont on sent dès la première rencontre qu’elle va aller au-delà de la discussion théologique !

Ce film est à l’origine un livre paru en 1952 de la romancière Beatrix Beck et qui a obtenu le Prix Goncourt. Sa première adaptation au cinéma, en 1961, sous le titre du roman « Léon Morin, prêtre » fut réalisée par Jean-Pierre Melville avec dans les deux rôles principaux Jean-Paul Belmondo et Emmanuelle Riva. Tous les deux sont à l’époque les icônes, jeunes, charismatiques et séduisantes de la Nouvelle Vague et du Nouveau Cinéma, très proche du Nouveau Roman, symbolisés l’un par Jean-Luc Godard – Belmondo vient de tourner « A bout de souffle » – et l’autre par Alain Resnais – Emmanuelle Riva vient de tourner « Hiroshima, mon amour ».  On est donc dans l’histoire du cinéma, à la limite du culte ! Lire la suite

SPLIT de M. Night Shyamalan

splitPublicité mensongère !

Remboursez ! Comme sans doute la plupart des spectateurs, j’avais pris mon billet pour voir un acteur se démultiplier dans un rôle éminemment oscarisable – pour l’an prochain vu que le film vient de sortir – et endosser 23 rôles dans un tourbillon de personnalités changeantes. Et si possible extrêmement différentes, ce qui aurait ajouté à la fois à la performance et à ses chances d’obtenir la fameuse statuette. Attente justifiée par le fait que la promotion du film dans les media met exclusivement en avant cet éclatement du personnage et le tour de force de l’acteur pour interpréter cette multitude. Le réalisateur allant jusqu’à expliquer que pour que James McAvoy ne perde pas la tête, il ne lui demandait de jouer qu’un seul rôle par jour, afin qu’il ne s’éparpille pas et reste concentré sur sa psychologie et son incarnation.

Ils ne sont donc pas 23 ni même 20. Vous vous dites 15, alors ? Non, même pas 10. Au générique il y en a 5 ou 6 et encore seulement 4 ans ont un rôle vraiment significatif. Et même s’ils ont effectivement des personnalités nettement distinctes, l’interprétation ne les transforme pas au point que l’on pourrait imaginer que ce sont des acteurs différents qui les jouent, ce qui aurait pu être le défi ultime. Le rôle principal ayant toujours le visage fermé et quasi figé, les trois autres ne semblent être finalement que des variations de mimiques superposées au masque de base. Lire la suite

NATHALIA MILSTEIN, Le Café des Arts, Grenoble

nathalia_milstein_flyerPetit miracle de la vie quotidienne !

Je ne sais par quel concours de circonstances improbable, le Café des Arts accueillait vendredi 3 mars une jeune pianiste virtuose, Nathalie Milstein, qui, à 21 ans, est couverte de prix internationaux et se produit déjà sur des scènes prestigieuses à Paris, New York et Londres ou aux côtés de l’orchestre philharmonique de Radio France.
Donc l’écouter ici, en savourant une bière, mais dans un silence total et respectueux, pour à peine plus de 10 euros, consommation comprise, fut assez surréaliste. Bien sûr le piano et le restaurant n’ont pas l’acoustique des salles de concert mais il y a une proximité rare : physique d’abord puisque personne n’est à plus de dix mètres et encore ; proximité humaine ensuite car la concertiste est arrivée en toute simplicité en slalomant entre les tables et a pris 5 à 10 minutes avant chacune des deux parties pour présenter les oeuvres qu’elle allait jouer, expliquant le contexte et donnant quelques pistes sur le sens et les images que véhiculent les différentes pièces interprétées.

L’autre différence sensible entre cet espace resserré et une salle de concert est la manière dont on reçoit la musique. Au lieu d’être enveloppé par les sonorités qui s’épanouissent dans un volume large savament étudié et rebondissent sur les murs et le plafond, on prend la musique de plein fouet, d’autant que la plupart des oeuvres jouées étaient puissantes et que Nathalia Milstein y mettait une énergie et un engagement spectaculaires. Lire la suite