Un “feel good movie” sur Mars
Ridley Scott avait l’habitude de sous-tendre ses films de science-fiction d’un minimum de réflexion sur le comportement humain ou sur quelques problématiques futures. Dans Alien, l’impératif de la science au risque de mettre en péril la vie humaine ; dans Blade Runner, l’évolution globale de la société et le face à face homme-humanoïde ; dans Prometheus, l’origine de la vie sur Terre et la prise de contrôle de la mission par un robot intelligent.
Dans “Seul sur Mars”, il nous fait simplement mais pleinement partager l’odyssée de Matt Damon, entre désespoir, volonté, lueur d’optimisme, fatalité et une pincée de suspense final.
Et quelle odyssée !
Ce qui fait peut-être la force du récit et le fait qu’on se laisse prendre complètement au jeu, est le sentiment permanent de vraisemblance de l’action ; que ce soit dans les méthodes utilisées par Matt Damon pour survivre, toutes appuyées sur des bases scientifiques éprouvées ; dans la vie à bord du vaisseau spatial, banalisée par les images vues et revues d’astronautes en apesanteur dans les stations spatiales actuelles ; dans les bricolages étudiés sur Terre par la NASA pour récupérer Matt Damon, qui font inévitablement penser à Apollo 13, dont on sait qu’ils ont ramené l’équipage à bon port.
Et la science-fiction dans tout ça ?
C’est là toute l’habileté de Ridley Scott. Ayant agrippé le spectateur par cette familiarité des situations vécues par les héros du film, il peut alors lui faire vivre sans réticence aucune, un étonnant voyage : à part les premières minutes peu hospitalières, Mars est “filmée” comme pour un luxueux catalogue de tourisme où les paysages rivalisent de beauté ; Matt Damon traverse ses étendues rougeoyantes et ses canyons, au volant de son Rover, suscitant l’envie chez l’explorateur niché au fond de nous ; le vaisseau spatial glisse élégamment dans le vide et nous offre de magnifiques vues sur Mars et sur les étoiles. Franchement, on aurait envie de prendre son billet, d’autant que le spectacle est total avec la 3D.
Calez vous dans votre siège et laissez-vous aller à 2h20 d’un pur divertissement de qualité qui nous rapproche encore du rêve d’aller sur Mars, dont on n’a d’ailleurs jamais autant parlé qu’en ce moment !